自新冠大流行以来，被广泛使用的消毒剂存在安全隐患

概要

COVID-19大流行刺激了消毒化学品的生产和使用（往往是滥用），这些化学品包括季铵盐化合物（CAQ）。CAQ是一类化学品，几十年来一直被用作消毒剂、防腐剂和抗静电剂。它们对许多病原体固然有效，但对健康和环境非常有害，而且助长了抗生素耐药性现象。绿色科学政策研究所的科学家们发出了警告。

绿色科学政策研究所的科学家指出，大流行开始前后进行的研究表明，人类与CAQ的接触增加了。CAQ在环境中的释放量也有所增加。

人类可通过多种途径接触CAQ。这些途径包括皮肤接触、手口接触、吸入/摄入受污染的灰尘、吸入气溶胶等。疑似或已知的不良健康影响包括皮肤和呼吸系统影响（皮炎、哮喘等）。对发育和生殖也有影响。对小鼠的试验表明，大量接触商业清洁产品会导致不育和生育能力下降，以及胚胎发育受损（神经管缺陷、胎盘大小异常、出生体重下降等）。

研究人员还指出了新陈代谢功能的紊乱，尤其是胆固醇和脂质的平衡，以及线粒体功能的改变。线粒体除了产生能量外，还进行许多对细胞和组织稳态至关重要的生化反应。

对生态的不利影响包括对敏感水生生物的急性和慢性毒性。某些CAQ的浓度已接近令人担忧的水平。研究报告的作者称，它们在废水处理过程中会持续存在，其浓度可达几十微克/升。研究还表明，CAQ在抗菌药耐药性中也发挥了作用。它们会使某些种类的细菌对CAQ本身和主要抗生素产生耐药性。

科学家们建议，在没有必要的情况下，避免使用含有CAQ的产品，而使用更安全的替代品，如定期用肥皂和水进行清洁。

Les produits désinfectants, très utilisés depuis la pandémie, ne sont pas sans dangers

La pandémie de COVID-19 a stimulé la production et l’utilisation – souvent abusive – de produits chimiques désinfectants. Parmi eux, les composés d’ammonium quaternaire, qui sont certes efficaces contre de nombreux agents pathogènes, mais qui sont aussi très nocifs pour la santé et l’environnement et contribuent au phénomène d’antibiorésistance. Des scientifiques du Green Science Policy Institute lancent un avertissement.

Les dangers des produits désinfectants… Les composés d’ammonium quaternaire (CAQ) désignent une classe de produits chimiques, qu’on utilise depuis des décennies comme agents désinfectants, conservateurs et antistatiques. Ils entrent également dans la composition de certains détergents et shampoings en tant que tensioactifs. Les CAQ sont létaux pour une grande variété de micro-organismes, y compris les champignons, les amibes et certains virus. Leur utilisation s’est accélérée ces dernières années, suite à l’interdiction de plusieurs autres antimicrobiens (tels que le triclosan et le triclocarban) dans les produits cosmétiques, mais aussi, suite à la pandémie de COVID-19. Lors de cette dernière, la plupart des fabricants ont lancé de nouveaux produits estampillés « anti-SARS-CoV-2 ».

« Des études menées avant et après le début de la pandémie indiquent une exposition humaine accrue aux CAQ. Les rejets dans l’environnement de ces produits chimiques ont également augmenté », notent les scientifiques du Green Science Policy Institute. Leur mission est de faciliter une utilisation plus sûre des produits chimiques afin de protéger la santé humaine et l’environnement. Dans la revue Environmental Science & Technology, ils font part de leurs préoccupations quant à l’impact sanitaire et environnemental des CAQ.

Des produits désinfectants d’usage courant, potentiellement dangereux

Les CAQ englobent des centaines de produits chimiques. On les utilise principalement en tant qu’antimicrobiens, tensioactifs, conservateurs, agents antistatiques, adoucissants et dispersants. Ils se retrouvent dans de nombreux produits domestiques : produits de nettoyage, désinfectants pour les mains, produits de soins, sans oublier de nombreux types de lingettes (lingettes de surface, pour bébé, pour les mains et désinfectantes) et bien d’autres choses encore.

« Les lingettes désinfectantes contenant des CAQ sont souvent utilisées sur les bureaux des enfants à l’école. On les utilise aussi sur les tables d’examen des hôpitaux et dans les maisons, où ils restent sur ces surfaces et dans l’air », a déclaré Courtney Carignan. Elle est professeure adjointe à l’Université de l’État du Michigan et co-auteure de l’étude. Ces produits entrent également dans la composition de divers produits pesticides. L’un des CAQ les plus courants est le chlorure de benzalkonium. Cependant, d’autres portent des noms se terminant par « chlorure d’ammonium » ou assimilé.

Les CAQ, de structure générale NR4+, sont excessivement utilisés aujourd’hui, tant dans la sphère professionnelle que domestique. Leur usage n’est pas sans conséquences sur la santé et l’environnement. Crédits : Arnold et al., Environmental Science & Technology (2023)

Les CAQ se composent d’un groupe ammonium central avec une charge positive, lié à des substituants alkyles et aromatiques. La nature de ces substituants et la longueur de la chaîne alkyle affectent la fonction, les performances, le devenir environnemental et la toxicité du CAQ, expliquent les scientifiques. Les CAQ qu’on utilise dans les produits de nettoyage et de désinfection ont tendance à avoir des chaînes alkyle plus courtes que ceux qu’on utilise dans les produits cosmétiques. Dans ces derniers, les chaînes peuvent contenir jusqu’à 22 atomes de carbone.

Il y a une utilisation répandue des CAQ et des rejets dans l’environnement. Pourtant, la plupart d’entre eux n’ont pas fait l’objet d’une évaluation réglementaire rigoureuse de leurs effets néfastes potentiels sur la santé humaine et l’environnement, déplorent les auteurs de l’étude. Il est en effet difficile d’obtenir des informations sur les volumes de production et la durée d’exposition. En outre, les rejets dans l’environnement ne font pas l’objet d’une surveillance régulière. Les effets néfastes sur la santé humaine sont pourtant nombreux.

Des effets sur le développement et la reproduction

Les humains peuvent être exposés aux CAQ par plusieurs voies. Il s’agit par exemple de la voie cutanée, du contact main-bouche, de l’inhalation/ingestion de poussières contaminées… Notamment par ce que ces produits persistent sur les surfaces si on ne les essuie pas après leur application. On peut aussi s’y exposer par inhalation d’aérosol, précisent les chercheurs.

Les effets néfastes sur la santé – suspectés ou connus – comprennent des effets cutanés et respiratoires (dermatite, asthme, etc.). Il y a aussi des effets sur le développement et la reproduction. Des tests effectués sur des souris ont montré qu’une forte exposition à des produits de nettoyage du commerce entraînait une infertilité et une diminution de la fécondité, ainsi qu’une altération du développement embryonnaire (anomalies du tube neural, taille anormale du placenta, réduction du poids à la naissance, etc.).

Voies d’absorption, de distribution, de métabolisme et d’excrétion proposées pour les CAQ, basées sur les données in vitro et in vivo concernant certains sous-groupes de CAQ chez l’homme et l’animal. Crédits : Arnold et al., Environmental Science & Technology (2023)

Les chercheurs évoquent également des perturbations des fonctions métaboliques. C’est notamment le cas pour l’homéostasie du cholestérol et des lipides, et une altération de la fonction mitochondriale. Pour rappel, outre la production d’énergie, les mitochondries effectuent de nombreuses réactions biochimiques essentielles à l’homéostasie cellulaire et tissulaire.

Les travailleurs qui fabriquent des produits de nettoyage et ceux dont le travail implique l’usage de désinfectants contenant des CAQ sont évidemment les plus exposés. Les enseignants, les étudiants, les fournisseurs de services de garde d’enfants et les enfants dans les garderies peuvent également être exposés à des niveaux élevés. En effet, on utilise couramment les nettoyants et désinfectants industriels dans ces milieux. Le personnel scolaire et leurs élèves ont largement utilisé des désinfectants pendant la pandémie de COVID-19. Or, ils les ont souvent utilisés de façon inappropriée, soulignent les auteurs de l’étude.

De l’eau et du savon : une alternative efficace et plus saine

Les effets écologiques néfastes comprennent la toxicité aiguë et chronique pour les organismes aquatiques sensibles. Les concentrations de certains CAQ approchent en effet des niveaux préoccupants. Ils persistent pendant le traitement des eaux usées et leurs niveaux peuvent atteindre plusieurs dizaines de μg/L, rapportent les auteurs de l’étude. On a également démontré le rôle des CAQ dans la résistance aux antimicrobiens. Ils rendent certaines espèces de bactéries résistantes à la fois aux CAQ eux-mêmes et aux antibiotiques essentiels.

« Il est ironique de constater que les produits chimiques que nous déployons en vain pour lutter contre une crise sanitaire en alimentent une autre. La résistance aux antimicrobiens contribuait déjà à des millions de décès par an avant la pandémie. Une désinfection trop zélée, en particulier avec des produits contenant des CAQ, risque d’aggraver la situation », souligne Erica Hartmann, co-auteure de l’étude et professeure à l’Université Northwestern.

Les scientifiques recommandent d’éviter d’utiliser des produits contenant des CAQ lorsque cela n’est pas nécessaire, au profit d’alternatives plus sûres. D’autant plus que pour certains CAQ, il y a peu de preuves d’une réduction de transmission des maladies. « Notre analyse scientifique suggère que la désinfection à l’aide de ces produits chimiques est souvent inutile, voire nocive. Nous recommandons de nettoyer régulièrement avec de l’eau et du savon et de ne désinfecter qu’en cas de besoin avec des produits plus sûrs », résument-ils dans un communiqué. D’autres recommandations consistent à exiger la divulgation complète des CAQ dans tous les produits. À ce jour, il n’y a pas de réglementation pour la plupart des CAQ. En outre, leur mention sur l’étiquette n’est pas toujours obligatoire.

« La réduction drastique de nombreuses utilisations des CAQ n’entraînera pas la propagation du COVID-19. En fait, cela rendra nos maisons, nos salles de classe, nos bureaux et autres espaces partagés plus sains », conclut Carol Kwiatkowski. Elle est co-auteure de l’étude et scientifique au Green Science Policy Institute.

Source :

Science & Vie

Publié le 17 mai 2023

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